Je fais un petit paragraphe sur le conte du naufragé, car partout on trouve la traduction profane du texte, mais jamais avec une interprétation philosophique qui pourtant est essentielle.
Aspect profane du texte.
C'est l'histoire d'un marin, un compagnon d'Horus, qui est envoyé vers les mines du roi. Son bateau est alors pris dans la tempête, et le compagnon survit grâce à un morceau de bois qui lui sert de flotteur. Il s'échoue sur une terre qu'il ne connaît pas. Le naufragé explore l'île et découvre toute sorte de légumes, de fruits, de volailles qui poussent et qui vivent "comme s'ils étaient cultivés et élevés".
Cette île n'a qu'un seul habitant qui est un serpent immense.
Après leur rencontre, on apprend que l'île s'appelle l'île du Ka, et que le serpent est lui-même le dernier survivant de sa grande famille décimée à l'occasion d'une météorite tombée sur cette île.
Le serpent lui prédit que dans 2 mois un bateau passera et viendra le chercher et qu'il rentrera chez lui et qu'ensuite l'île disparaîtra sous les flots.
La prédiction se réalisera.
Aspect philosophique du texte.
Le texte ne concerne pas un Compagnon d'Horus comme la traduction profane l'indique, mais un Suivant d'Horus. Dans ce cas nous avons à faire à un chercheur spirituel qui veut suivre la voie horienne, c'est à dire à s'affranchir des réincarnations. Sa mésaventure n'est pas autre chose que la prise de conscience de son Ka. Or son Ka, est la source de toutes les envies, de tous les appétits. C'est de là que vient la longue énumération de tous les bons produits trouvés dans cette île du Ka.
Le retour vers l'Égypte et la disparition de l'île illustre la fin du tiraillement bestial de son Ka. Le Suivant d'Horus maîtrise ses appétits.
Par ailleurs, le voyage s'effectue en bateau, outre la connotation du voyage spirituel sur l'eau; la mer sur laquelle va faire naufrage le héros est traduite habituellement la Très-Verte. La Très Verte se dit WAD-wr et ce mot s'écrit avec le symbole du ciseau qui est coupé par le D du serpent. Or s'il y a croisement de ces deux signes, c'est qu'il y a interraction entre les deux. Le D indique la prise de conscience.
On souligne également l'importance du retour au pays. Ce thème est très répendu en Egypte ancienne, et la nécéssité de retourner au source de sa naissance. Pour le moment, je ne sais pas dire pourquoi.